Répression
J'aurai préféré ne pas avoir à vous écrire cet article mais malheureusement, je suis obligée.
Avant de vous parler d'aujourd'hui, je voudrais vous rappeler ce qu'il c'est passé le jeudi 29 novembre à la gallerie des amphis, lieu désormais symbolique pour tous les militants. C'est là-bas qu'a eu lieu la honte du campus grenoblois de ces derniers temps. Effectivement, les CRS sont venus, sans pitié, suite à l'appel du Président de l'UPMF, pour expulser, non sans violence, les bloqueurs. Ils n'ont pas hésiter à entrer dans les locaux et à tabasser les jeunes. Il est également important de souligner que même le Président de l'UPMF les a frappé. Ses excuses tardives ne suffisent toujours pas à réparer les dégâts (jeunes hospitalisés, bras cassés, nez cassés, ...).
Deux semaines et trois jours plus tard, la répression sur le campus est de retour. Chose qui n'avait plus eu lieu depuis 1974.
Effectivement, hier soir, au Comité de Mobilisation, les grévistes ont décidé de bloquer ce lieu. Comme d'habitude, rendez vous entre 6 et 7 heures à la fac pour bloquer la gallerie. Cette fois-ci bien organisés, nous arrivons à bloquer toutes les entrées de celle-ci. Une heure plus tard, les étudiants sont là, face à nous. Aucun dialogue n'a lieu... une fois de plus. Alors que l'on essaye de notre côté de savoir ce qu'ils pensent, les réponses sont toujours les mêmes : "vous faîtes chier à bloquer". Au bout d'une demie heure, les anti bloqueurs tentent de trouver une faille...et ils la trouvent. Cependant, nous sommes rapidement au courant et nous envoyons quelques 'renforts' pour maintenir le blocage. Mais force est de constater qu'une fois de plus, la violence semble être le maître mot... Quelques minutes plus tard, les CRS arrivent, cette fois, moins nombreux que d'habitude, mais assez pour éloigner les bloqueurs... Les jeunes entrent alors dans les bâtiments sous escorte policière. La BAC est également présente. Je le rappelle BAC : Brigade Anti Criminalité.
Nous, les grévistes sommes désormais considérés comme des criminels !
Cette même BAC arrêtera en peu de temps 5 personnes, dont une, n'étant pas sur les lieux mais qui a été tout simplement reconnue comme 'bloqueur' !
Après cette nouvelle 'défaite', nous nous retrouvons à l'Occupation pour parler de ce qui c'est passé et de ce que l'on allait faire après. Nous décidons finalement de nous diviser en deux groupes et de nous rendre dans les amphis et quelques salles de cours pour expliquer les évènements de la matinée et de tenter de faire prendre conscience aux étudiants quelques fois mal informés de la gravité des actes passés.
Malheureusement, nous avons constater que l'égoïsme prime de nos jours. Mis à part certains profs et quelques rares élèves avec nous, la plupart tient le même discours : "Je fais ma dernière année, j'aimerai bien la réussir, alors arrêter avec vos conneries" ou bien, lorsque nous disons "Votre licence ne sera plus reconnue dans quelques années", un prof nous répond "C'est sûr qu'avec ce que vous faîtes, la licence vous servira pas à grand chose"
J'arrive à un point où je suis, sans vous mentir, dé-gou-ter de voir la mentalité des gens et de voir que nous sommes une minorité à lutter contre quelque chose qui touchera pourtant la majorité d'entre nous !
Lorsque je vois des gens se faire tapper par des CRS et que j'entends des anti bloqueurs criaient "tu l'as bien mérité !", je ne sais plus quoi penser de ce monde !